Les héros de l’ombre ou l’envers de la médaille des policiers

Nancy Boisvert
Nancy Boisvert

Les policiers ne récoltent pas toujours que de la gratification dans l’exercice de leurs fonctions. En effet, la presse est souvent dure envers eux. Mis sur la sellette au moindre faux-pas, ils sont scrutés à la loupe et leur marge de manœuvre est de plus en plus mince. La moindre erreur sera exploitée et médiatisée.

Ils sont également soumis aux critiques sévères de la part des citoyens qui, bien souvent, n’auront eu accès « qu’aux donneurs de tickets ». Celui qui vous attrape la seule journée où vous êtes en retard pour le bureau et que vous roulez un petit vingt kilomètres au-dessus de la limite. Ce matin où tout ce que vous aurez accumulé comme stresseurs dans les derniers mois trouvera un exutoire parfait dans ce « sans-cœur qui n’a rien de mieux à faire que d’embêter un pauvre citoyen ». Ayant moi-même fait la connaissance d’un certain nombre de « donneurs de tickets », j’ai eu parfois quelques mots peu élogieux à leur égard. Voilà un des côtés de la médaille.

Depuis près de trois ans, j’ai la chance de travailler en collaboration avec certains d’entre eux dans l’exercice de mes fonctions chez Optania. Mon mandat est de mieux comprendre la réalité policière ainsi que les enjeux inhérents à cette profession pour élaborer un outil de support psychologique virtuel.

Notre équipe clinique a été mandatée pour les rencontrer dans leur milieu de travail. Vous pouvez vous imaginer, la psy qui débarque chez la police! La psy dans un univers d’hommes qui sont reconnus pour ne pas être enclins à s’épancher sur leurs émotions. Un univers d’hommes qui entretient la culture du silence lorsqu’ils vivent des situations difficiles.

Évidemment, il s’agit de leur mécanisme de protection contre la souffrance. Apprendre à porter en permanence la veste anti-balles des émotions pour survivre à l’exposition quotidienne de la souffrance humaine est nécessaire pour leur survie psychique. Toutefois, mon premier réflexe a été de me dire qu’il n’y en aurait pas de facile! Un jugement de ma part, je dois l’admettre ! J’avais certaines réticences. Je n’étais pas convaincue que mon discours sur les émotions et la bienveillance entre les pairs allaient résonner dans l’univers des Robocops.

Prenant mon courage à deux mains, je les ai rencontrés avec ma collègue. Surprises, nous avons passé plus de trois heures à échanger et à discuter avec eux des impacts psychologiques associés à leur métier. J’ai écouté attentivement et j’ai vu l’envers de la médaille.

J’ai été portée par une profonde compassion et un respect incommensurable de tout ce qu’ils font pour la société. J’ai vu et entendu des hommes et des femmes courageux (et courageuses) qui travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles avec une réduction des effectifs qui pèse lourd. Des gens dévoués qui, jour après jour, se lèvent le matin en ne sachant pas toujours dans quel état ils rentreront chez eux le soir. Parfois, ne sachant même pas s’ils reverront leur famille. Après une journée difficile, ils n’auront pas la chance de pouvoir échanger avec leur conjoint en raison du serment d’allégeance. Ils n’oseront pas trop se confier à leurs pairs lorsqu’ils sont en détresse. Malheureusement, ils attendront souvent longtemps avant de le faire... trop longtemps.

Policiers

Les policiers sont confrontés quotidiennement à des événements tragiques, à la misère humaine, à des enfants abusés, des femmes violentées, des suicides, de la violence. Ils risquent leur vie pour sauver celle des autres. Ils portent en eux cette capacité d’abnégation qui leur permet de se mettre entièrement au service de l’autre. Évidemment, ils vivent parfois de la détresse qu’ils n’oseront pas partager pour préserver cette image de force ou pour ne pas décevoir leur partenaire de travail.

Ce policier qui vous a donné une contravention le matin de votre retard au bureau a probablement déjà sauvé la vie d’un enfant ou sauvé une personne d’une mort par suicide. Ce même policier sera là lorsque quelqu’un de votre famille en aura besoin. Ils sont des héros de l’ombre.

Aujourd’hui, je rends hommage à tous ces hommes et ces femmes qui assurent notre sécurité. Ils sont rarement salués pour leurs gestes héroïques et trop souvent pointés du doigt au moindre faux pas.

Nous connaissons tous l’importance d’être reconnu dans notre travail. L’exercice même de leurs fonctions, l’exposition répétée à la souffrance humaine, le manque de reconnaissance représentent des facteurs de risque important pour la santé mentale. Ils s’occupent de nous, mais qui s’occupe d’eux?

Optania est fière de pouvoir proposer un accompagnement virtuel de première ligne aux policiers. Et s’il permet de sauver la vie d’un seul policier, notre mission sera accomplie!

Nancy Boisvert

Psychologue, Directrice du contenu et de la recherche - Secteur clinique

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