L’intelligence artificielle en éducation, «kossa donne»?

Carolanne Tremblay
Carolanne Tremblay

Mais qu’est-ce que l’intelligence artificielle (IA)?

Selon le Larousse 2018, c’est un ensemble de théories et de techniques mis en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine.

Les finalités et les développements de l’intelligence artificielle suscitent fantasmes et inquiétudes. La littérature et le cinéma la présentent souvent comme un danger pour l’humanité. Prenons des films comme Terminator ou The Matrix. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes craignent qu’un jour, les ordinateurs deviennent plus intelligents que les humains et qu’ils «prennent le contrôle de la planète».

La réalité, c’est que les humains sont plus qu’intelligents. Ils sont aussi empathiques, capables de développer un esprit critique, de faire preuve de jugement basé sur la morale ou l’éthique, de ressentir des émotions, de comprendre toutes les finesses du langage, etc.

Alors est-ce que l’IA risque de remplacer un jour les enseignants? Loin de là! Le rapport Brookfield démontre d’ailleurs que les enseignants sont dans la liste des cinq emplois les moins à risque d’être remplacés par un robot. Et c’est parce que la grande majorité des actions professorales vont au-delà des tâches répétitives et administratives. Autrement dit, les enseignants n’apprennent pas seulement à leurs élèves comment faire, mais aussi comment être.

Pour les soutenir dans cette mission plus qu’importante, l’intelligence artificielle en éducation doit avant tout permettre aux membres du personnel d’éviter la surcharge cognitive, un problème fréquemment rencontré dans le milieu scolaire. Plutôt que de les remplacer, la technologie doit plutôt les soulager en effectuant à leur place les tâches répétitives et d’analyse qui exigent beaucoup de temps.

En accompagnant les professionnels de l’éducation dans leurs prises de décisions, dans leur jugement professionnel (sans le remplacer) ainsi que dans leurs choix pédagogiques, l’IA peut ainsi réduire le bruit pour leur permettre de revenir à l’essentiel : une relation positive avec les jeunes. Comment faire?

Commençons par regarder certaines branches de l’intelligence artificielle. Il y a d’un côté, l’apprentissage profond, aussi appelé «deep learning», apprentissage machine ou réseau de neurones, qui consiste à développer une machine, à lui transmettre des données et à lui demander d’apprendre (en gros résumé). Par exemple, pour développer un logiciel capable de reconnaître un chat dans une photo ou dans une image, je devrai lui montrer des centaines de photos de chat et l’aider à reconnaître les caractéristiques d’un chat, jusqu’à ce qu’il soit capable de les reconnaître par lui-même.

De l’autre côté, il y a la modélisation du domaine, aussi appelée les systèmes experts ou l’automatisation de règles. C’est une façon de développer un algorithme en collaborant avec des spécialistes du domaine. Un exemple simple est un robot qui a été créé pour jouer aux échecs. Cette machine a réussi à battre un humain à ce jeu, mais cette personne a grandement appris de sa défaite!

L’intelligence artificielle est partout dans nos vies. Les voitures autonomes capables de conduire du point A au point B. Les commandes vocales, les publicités qui ciblent nos besoins, nos désirs en analysant nos clics ou notre fil d’actualité Facebook ou Instagram qui évolue au fil de nos «j’aime».

En éducation, l’apprenant est au centre des préoccupations quotidiennes. Les technologies conçues pour les écoles doivent avoir ces mêmes préoccupations à cœur et placer le jeune à la base de leurs réflexions. Par le biais de l’apprentissage profond, l’intelligence artificielle peut, entre autres, analyser des ensembles de données et être entraînée à comprendre les profils des apprenants, les façons de les récompenser, de les accompagner, de les motiver, etc. Elle peut cibler les baisses de motivation, les risques de décrochage, elle constate les comportements récurrents, comprend ce qui fonctionne ou non avec un jeune, bref, construit un ensemble de connaissances permettant aux professionnels de l’éducation de comprendre ses élèves sous un autre angle et de pouvoir utiliser cette information pour bonifier son intervention. Pas mal, n’est-ce pas?

Et que dire des robots conversationnels, qui sont de plus en plus à la mode! En éducation, pour soutenir les apprenants, ces tuteurs virtuels peuvent agir à différents niveaux. Lorsqu’ils sont utilisés à bon escient et avec la conscience de leurs limites, ces robots peuvent donner des conseils éducatifs ou psychosociaux, répondre aux questions des jeunes et même soutenir les enseignants dans le développement de la métacognition! Et puisqu’ils sont disponibles les soirs et fins de semaine, ils peuvent continuer le travail de l’école jusqu’à la maison et aider le jeune à cheminer, à ancrer les stratégies qui fonctionnent pour lui et à optimiser son métier d’apprenant.

Avoir une analyse pointue des profils, comprendre leurs besoins particuliers, soutenir leur métacognition, adapter leur parcours d’apprentissage sont tous des ingrédients de la réussite. Pour le jeune, comprendre comment il apprend et pour les adultes, cibler leurs besoins individuels pour fournir les bons outils favorisera la réussite de tous les élèves.

En bref, l’intelligence artificielle peut être mise au service de l’éducation d’une tonne de façons! Malheureusement, les milieux scolaires peuvent difficilement suivre la vitesse à laquelle la société évolue numériquement. Déjà les jeunes découvrent par eux-mêmes comment utiliser les nouvelles technologies. Comme acteurs scolaires, ne préférons-nous pas les accompagner pour qu’ils aient les outils pour contrôler l’intelligence artificielle? Selon moi, nous devons enseigner aux jeunes à développer leur sens critique au sujet de la technologie. Abordons avec eux les enjeux éthiques liés à l’intelligence artificielle pour qu’ils soient conscientisés. Ils sont notre avenir, assurons-nous qu’ils auront les capacités d’analyse pour bien l’orienter.

En terminant, si vous n’avez qu’une chose à retenir de ce texte, c’est que l’IA doit redonner du temps aux membres du personnel scolaire pour éviter de faire des tâches répétitives qui causent une surcharge cognitive. La technologie doit leur redonner le temps de revenir à ce qui est important, ce qui les a attirés vers l’éducation : la relation avec les jeunes, leur développement bienveillant et l’amour de la pédagogie.

Carolanne Tremblay

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