La pandémie en tant qu'étudiante

Noémie Yacola
Noémie Yacola

Peur et anxiété

En mars 2020, nos vies ont été chamboulées. En tant qu’étudiante universitaire, on m’a appris à douter, à vérifier la véracité des faits par des sources fiables… Alors oui, j’ai douté. Je ne croyais pas que ça allait nous frapper aussi rapidement et avoir un si grand impact dans nos vies. La peur a fini par s’emparer de moi. Il faut dire que de ne pas savoir ce qui allait se passer le lendemain, c’est assez inquiétant.

Une fois que la peur s’est calmée, elle a laissé place à l’anxiété. Sachant que connaître la bête permet de l’apprivoiser, il est intéressant de se demander, qu’est-ce que l’anxiété? Ce serait un état émotionnel où l’on ressent de la tension et de l’appréhension, ce qui nous rend plus alertes. Cet état varie en intensité et fluctue à travers le temps (Spielberger, 1966; 1971). Personnellement, l’anxiété fait partie de ma vie comme plusieurs d’entre nous, mais la pandémie l’a certainement amplifiée.

Routine, motivation et concentration

En fait, le plus bouleversant pour nous, les étudiants, ça a été de devoir se refaire une routine complètement différente. Il a fallu s’adapter aux cours en ligne et accepter de devoir passer toute la journée, ou presque, devant son ordinateur. Puis, le vrai défi, ce fut de maintenir notre motivation et notre concentration. Je parle d’arriver à se lever chaque matin pour aller devant son ordinateur pour «cogner des clous» devant l’écran, car les cours en ligne sont certainement moins énergisants qu’en présentiel… C’est aussi d’arriver à écouter 3 heures de théorie en ligne sans se laisser distraire par tout ce qu’on pourrait faire en étant chez soi. La motivation est un état interne, comme un désir ou un besoin, qui a pour but d’activer un comportement et de lui donner une direction (Kleinginna et Kleinginna, 1981). Alors, il est évident qu’elle est nécessaire pour la réussite scolaire. Sans celle-ci, impossible de s’activer pour effectuer mes travaux de session. Et la concentration, si elle est absente, impossible d’encoder l’information dont on a besoin pour mener à bien nos études. Certains disent que notre concentration devient faible après une heure et demie ou deux heures. Dans mon cas, deux cours de trois heures en ligne suivis de deux heures de lectures et de deux autres d’écriture pour mon essai, c’était souvent mon quotidien. Sauf que, quand on fait tout cela à l’intérieur de la même pièce, chaque jour, sans voir personne, ça devient très lourd et la concentration diminue rapidement. Le moral aussi d’ailleurs.

Le changement de programme en pandémie

Une autre déception qu’a causé la pandémie, c’est de m’empêcher de vivre mon changement de programme comme je l’avais imaginé. Rencontrer mes nouveaux collègues et professeurs en vrai et participer aux activités sociales, ça aurait été bien. Je sais que plusieurs étudiants, comme moi, n’ont pas pu profiter pleinement de leur transition scolaire. Ce sont des moments qu'on ne vit qu’une fois dans notre vie, ça laisse une amertume de se dire qu’on a raté tout cela.

Le pire, c’est le vide au niveau social que la pandémie a causé. Je suis certaine que vous savez de quoi je parle. En tant qu’étudiante, je connais l’importance de ventiler entre collègues. Se plaindre de toute notre charge de travail et demander des conseils, c’est tellement important pour passer au travers de nos études. Le soutien des pairs, ça permet de sentir qu’on est pas seul à avoir cette réalité. Ça adoucit le quotidien. Bref, il a fallu s’habituer à ne plus avoir ce support.

Petits trucs

J’aimerais finir sur une note plus positive, car il ne faut pas oublier que la pandémie a eu du positif à différents niveaux. Elle m’a forcé à développer ma capacité d’adaptation, à me mettre au défi et à vivre d’une autre manière. Elle m’a permis de prendre davantage de temps pour moi et d’apprécier le confort des moments seuls.

Il a fallu développer des trucs pour prendre soin de notre santé psychologique. Les sites et applications comme Twitch et Discord m'ont été d’un grand secours pour briser l’isolement social en discutant en ligne ou en jouant à des jeux vidéo. D’ailleurs, je me dis qu’un chatbot comme Ali m’aurait été d’une grande aide. Ensuite, j’ai su me faire une nouvelle routine dans laquelle j’étais bien. C’est-à-dire que je m’assurais d’avoir une bonne hygiène de sommeil, de bien manger et d'utiliser des applications d’entraînement. Pour rester active et ne pas tomber dans la procrastination, mon truc ultime, ça a été de me donner un défi quotidien.

Pour finir, l'auto-compassion est une notion que j’ai découverte et intégrée dans mon quotidien. Germer et Neff (2013) expliquent que l’auto-compassion est composée de trois éléments : la bienveillance envers soi, l’humanité commune et la pleine conscience. La bienveillance envers soi signifie d’être doux et compréhensif envers soi dans nos moments de souffrances ou d’échec. L’humanité commune, c’est de reconnaître que nous sommes tous imparfaits en tant qu’humain et que nous ne sommes pas seuls dans notre souffrance. La pleine conscience est d'accepter de vivre le moment présent comme il est en laissant aller et venir nos pensées. L’auto-compassion, en fait, c’est de se traiter comme l’on traiterait un ami qui nous est cher et c’est ce dont nous avions tous besoin durant la pandémie.

Pour terminer...

Nous ressortons tous changés de ces deux dernières années. Pour ma part, je me suis équipée d’outils pour traverser les moments les plus difficiles. Je ressors aussi avec la certitude qu’il faut apprendre à être doux envers soi en ces temps de pandémie. Maintenant que l’état de crise se dissipe, j’ai décidé d’entretenir cette douceur et de l’intégrer à ma vie.

« Nous sommes tous des rescapés de la souffrance. Et nous savons tous qu'elle reviendra. C'est pourquoi la manière dont nous l’affrontons est décisive. » Christopher K. Germer

Noémie Yacola

Candidate au doctorat en psychologie clinique - secteur clinique

Références

  • Germer, C. K., & Neff, K. D. (2013). Self-compassion in clinical practice: self-compassion. Journal of Clinical Psychology, 69 (8), 856-867. doi: 10.1002/jclp.22021.
  • Huitt, W. (2011). Motivation to learn: An overview. Educational Psychology Interactive. Valdosta, GA: Valdosta State University. Retrieved from //www.edpsycinteractive.org/topics/motivation/motivate.html
  • Kleinginna, P., Jr., & Kleinginna A. (1981). A categorized list of motivation definitions, with suggestions for a consensual definition. Motivation and Emotion, 5, 263-291.
  • Spielberger, C. D., Gonzalez-Reigosa, F., Martinez-Urrutia, A., Natalicio, L., & Natalicio, D. S. (1971). Development of the Spanish edition of the state-trait anxiety inventory. Interamerican Journal of psychology, 5(3-4), 145-158

Laissez-nous vous guider

Contacter Optania