Contrer l’intimidation scolaire : astuces pour les intervenants

Carolanne Tremblay
Carolanne Tremblay

La grande question est : en tant qu'adultes travaillant dans le système scolaire, comment pouvons-nous contrer l'intimidation ?

Il y a plusieurs façons pour aborder ce sujet. Nous pouvons être en réaction à propos des événements qui se produisent ou agir en amont afin d'éviter qu'elles se produisent. Personnellement, je préfère travailler la prévention de l'intimidation. Parce que, entendons-nous bien, quand les jeunes voient arriver un adulte, ils changent d'attitude. Il est rare, bien que très possible, d'arriver assez subtilement et de prendre un intimidateur en pleine action.C'est pourquoi je favorise la prévention et la sensibilisation des élèves et des autres membres du personnel afin de changer le climat de mon école.

Notre rôle et nos responsabilités

Les intervenants scolaires ont un rôle primordial à jouer pour contrer l'intimidation, ainsi que tous les adultes qui entourent les jeunes. Nous sommes ceux qui sont à la ligne de front, face à l'ennemi qu'est le harcèlement scolaire. Mais avant de nous percevoir comme des intervenants scolaires, voyons-nous comme des adultes. En tant qu'adultes dans notre société en général, nous devons agir comme des modèles, car les plus jeunes nous regardent et ils nous imitent. Rappelons-nous aussi que les jeunes sont à l'école pour apprendre. Par apprendre, on veut dire beaucoup plus que d'apprendre les mathématiques et le français. L'école est une petite société, riche en apprentissages relationnels et sociaux. Il est aussi de notre mandat de soutenir les jeunes dans leur apprentissage de relations harmonieuses, inclusives et prosociales.

Notre première responsabilité en tant qu'adulte est de miser sur des attitudes d'ouverture et de bienveillance dans nos interactions entre nous et avec les jeunes. Nous sommes des exemples et les jeunes, même s'ils disent le contraire, ont tendance à reproduire ce qu'ils apprennent de nous. Il faut donc régulièrement analyser notre manière d'interagir. Les jeunes retiennent davantage de nos actions que de nos paroles. Tous les adultes sont entièrement garants individuellement du rôle qu'ils jouent en ce qui concerne le développement sain des relations entre les jeunes. Nous en sommes tous responsables… mais spécialement, nous qui travaillons quotidiennement avec eux !

En développant des relations saines avec les adultes et les jeunes qui nous entourent, nous encourageons ces derniers à développer un lien de confiance avec nous. Une fois ce lien bien établi, ils auront plus de facilité à s'ouvrir, à se confier et à écouter nos conseils. S'ils affrontent une situation difficile avec un ami de l'école ou qu'ils subissent réellement de l'intimidation, ils auront davantage tendance à aller vers l'adulte avec qui ils ont le meilleur lien, car ils seront sûrs d'être entendus. Pour les intervenants scolaires, la difficulté est souvent de faire la différence entre une chicane d'enfants et une situation d'intimidation, car les adultes ont souvent tendance à minimiser ce que les jeunes racontent. Ne mettons jamais en doute les sentiments d'un jeune, car si celui-ci se sent victime d'une situation et que nous ne l'entendons pas ainsi, il risque de se refermer et de refuser d'en parler avec un autre adulte. Notre travail est de l'accueillir, de l'écouter et de s'assurer de sa sécurité afin que cette situation ne porte pas préjudice à son sain développement psychique et physique.

Une des choses les plus importantes à faire, celle qui aura un meilleur impact individuellement et collectivement, est de travailler sur le développement de l'empathie, de la bienveillance et de l'ouverture aux différences des autres chez tous nos jeunes. D'abord en étant un exemple d'ouverture et un modèle relationnel, mais aussi en organisant des activités en classe ou à l'extérieur de la classe faisant la promotion de l'empathie, mettant en action de saines aptitudes relationnelles, le développement de la gestion des émotions et du sens moral, et ce, dès la maternelle. J'oserais même dire, dès la garderie (mais ici, je sors de mon cadre professionnel). En prenant la position de constamment favoriser l'inclusion de tous, en développant la capacité à se mettre à la place d'une autre personne, en évitant les préjugés et les jugements hâtifs, en considérant les préoccupations relationnelles et en soutenant les jeunes à travailler ensemble avec accueil et ouverture, nous développerons de meilleurs processus relationnels chez nos jeunes.

Prévenir l'intimidation

La mise en place d'un milieu bienveillant est, selon moi, un excellent moyen pour prévenir l'intimidation dans nos écoles et pour développer de meilleurs mécanismes relationnels chez nos jeunes. Comment ça fonctionne ? C'est simple et compliqué en même temps. Simple, parce que si tout le monde travaille à développer les mêmes aptitudes relationnelles et les met en pratique, il sera facile pour les jeunes de se modéliser. Compliqué parce que tout le monde n'a pas les mêmes valeurs ni la même manière de voir les relations. Cependant, le fait de renforcer l'adoption de comportements respectueux et bienveillants, de travailler l'acceptation des différences individuelles, le civisme, l'inclusion et la solidarité agit en amont de la problématique qu'est l'intimidation. C'est de notre responsabilité de promouvoir des comportements prosociaux qui sont essentiels au développement de relations saines et harmonieuses. C'est d'investir dans l'avenir que de prendre le temps pour soutenir le développement affectif de nos jeunes et d'ainsi éviter des situations d'intimidation tout en favorisant une collectivité altruiste.

Ne pas oublier d'intervenir

Oui, la prévention et la sensibilisation sont primordiales quand on parle de cette problématique. Mais il arrivera quand même, malgré tout notre bon vouloir à développer de saines relations entre les jeunes, d'assister à une situation d'intimidation (dans notre classe, les corridors, la cafétéria, sur le chemin de l'école, etc.). À ce moment, il ne faut rien laisser passer. Il faut, premièrement mettre fin à la situation en recadrant l'intimidateur. Éviter la culpabilisation, nommer simplement dire que ce qu'il est en train de faire est de l'intimidation et que l'on veut que ça cesse immédiatement ! Il est important de mentionner à l'intimidateur que ce n'est pas la façon dont on interagit entre nous et qu'on s'attend à ce qu'il soit tolérant et respectueux ! De plus, il faut rappeler aux intervenants scolaires que la façon de se comporter en groupe est AUSSI un apprentissage. Il faut donc voir le comportement du jeune intimidateur comme tel et l'aider à rétablir ou à apprendre des façons saines et respectueuses d'être en relation.

Mais n'oublions surtout pas la victime. C'est peut-être la première fois que nous voyons ce jeune se faire intimider, mais ce n'est certainement pas la première fois que ça lui arrive. Prenons le temps de lui parler seul à seul. De lui poser des questions, de s'inquiéter à son sujet, de lui demander comment il va, comment il se sent. Sinon, il risque de se sentir abandonné et c'est ce que nous voulons éviter.

Rappelons-nous que nous devons travailler ensemble, car la force de l'union peut contrer l'intimidation !

À suivre…

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