Et la discipline dans tout ça...

Comme vous le savez peut-être, j’ai quitté l’enseignement il y a quelques années pour me joindre à l’équipe d’Optania afin de créer des outils technologiques répondant réellement aux besoins pratiques des milieux scolaires. Depuis, j’écris à propos de l’enseignement, de l’éducation et de tout ce qui m’a toujours passionné dans mon ancienne profession afin de me rappeler : enseignante un jour, enseignante toujours.

Depuis la dernière année et demie que j’écris des blogues, mais je n’ai encore jamais osé aborder le sujet délicat de la discipline en classe. Je ne savais peut-être pas comment bien l’aborder, peut-être que j’avais peur de porter des jugements sur les façons de faire en classe, peut-être que j’avais peur de mal m’exprimer… Plusieurs raisons m’ont empêchée d’en parler. Aujourd’hui, je me lance.

Je dis que c’est un sujet délicat, pourtant, la discipline fait partie de la réalité des enseignants qui, quotidiennement, sont confrontés à des élèves qui testent les limites des adultes. Les enseignants doivent, en plus d’enseigner des compétences et des connaissances, enseigner les limites sociales à respecter. Cependant, je pense encore qu’aujourd’hui, parler de discipline peut être un sujet difficile à approcher, car chacun d’entre nous avons notre idée sur les meilleures méthodes pour gérer un groupe. Mais existe-t-il vraiment une seule bonne façon de le faire ou chaque personne peut découvrir sa méthode personnelle ? À chaque enseignant sa gestion de classe ?

Tous les enseignants développent, au fil des ans, des méthodes pour faire leur gestion de classe. Je ne pense pas que mes méthodes étaient meilleures que les autres. Cependant, j’avais envie d’en parler aujourd’hui, car je crois que ma discipline correspondait bien à ma pédagogie et à ma personnalité. C’est d’ailleurs très important que la personne qui fait de la discipline soit confortable avec ses méthodes. Le jeune sentira inévitablement votre manque de confiance en votre méthode ou votre hésitation selon le cas… Que les méthodes utilisées soient aussi un reflet de votre personnalité et soient en harmonie avec où vous êtes confortables d’aller en gestion disciplinaire. Il est important de ne pas s’en imposer une qui nous emprisonne dans une personnalité qui n’est pas la nôtre, car « le naturel revient vite au galop ». Si vous vous sentez séquestré par votre discipline et que vous en déviez parfois, les élèves de votre classe ne sauront plus à quoi s’en tenir.

Personnellement, dans ma classe, j’utilisais régulièrement (pour ne pas dire uniquement) la pédagogie par projet et j’installais un climat de socioconstructivisme pour travailler avec mes élèves. Ça aurait été contradictoire d’instaurer un régime de terreur dans ma classe et d’interdire le moindre son pendant les périodes de travail. Mes élèves avaient besoin de parler entre eux afin de développer les différents aspects que nous avions à travailler dans le cadre des projets que nous réalisions.

Dès le début d’année, j’expliquais à mes élèves l’importance du respect. Ha ! Le respect...ça semble une notion un peu floue, mais en étant moi-même un modèle de ce que j’exigeais de mes élèves et en installant certaines routines, je pouvais les aider à mieux comprendre ce que j’entendais par respect. Respect des autres élèves, respect des autres groupes entourant la classe, respect des autres enseignants, respect d’eux-mêmes, respect de moi-même.

J’ai toujours été plutôt indulgente en ce qui concerne le silence, la façon de s’asseoir, la gomme à mâcher, les couleurs de surligneurs, etc. Je préférais travailler sur d’autres aspects de la personnalité de mes élèves. Je les incitais à parler, à exprimer leur opinion, à travailler en équipe, à sortir de leur zone de confort, à confronter les idées des autres. J’ai toujours été convaincue que ma gestion de classe ne devait pas servir à castrer le tempérament de mes élèves, mais plutôt à leur permettre de s’exacerber dans la considération des autres. Et d’ainsi s’exprimer et s’affirmer, comme ils seront portés à le faire à l’âge adulte !

Le choix d’installer mes bureaux en îlots, en rang d’oignon ou autrement était déterminé par ce que nous faisions en classe et rien d’autre. Le besoin de silence, de parler avec ses pairs, de débattre était aussi décidé par ce que nous réalisions pendant le cours. Finalement, la manière dont mes élèves travaillaient et s’installaient était toujours choisie en fonction de ce que nous allions faire : réaliser un projet d’équipe, faire une rédaction pour le journal régional, faire un examen, etc.

Je ne pense pas que ma façon de gérer ma classe ait été la meilleure. Cependant, je sais qu’elle me correspondait parfaitement et que mes élèves me sentaient confortable dans mes interactions avec eux, parce que jamais je ne me cachais derrière mon masque de discipline. En étant moi-même, j’espère leur avoir permis de se découvrir et d’avoir appris à travailler avec les forces et les faiblesses des autres !

Chaque enseignant a sa personnalité unique. Chaque enseignant a une discipline unique. Personne ne devrait entrer dans un bocal, mais plutôt chercher à créer ses méthodes de gestion uniques à son caractère tout en respectant évidemment les droits et les libertés des élèves, ainsi que leurs responsabilités et leurs devoirs.